
La Bête du Vaccarès apparaît pour la première fois en 1926 dans le roman homonyme de l’écrivain provençal Joseph d’Arbaud. Il nous livre ce conte fantastique comme une simple adaptation du manuscrit de son protagoniste et narrateur principal, Jacques Roubaud, un gardian érudit du XIVᵉ siècle. Ce dernier constate la présence d’une créature étrange autour de l’étang du Vaccarès :
Entre les roseaux emmêlés, difficilement je distinguais un arrière-train couvert de poil bourru, grisâtre et fauve, deux pieds à la corne fendue que, bien aisément, j’identifiais ; mais ce qui me surprenait au-dessus de toute expression, c’était d’apercevoir une espèce de sayon, d’étoffe grossière, plaqué contre l’échine et les reins. Accroupie, immobile sur ses jarrets, la bête ne laissait voir ni son avant-train ni sa tête. […] je sentis mes cheveux se dresser sous mon chaperon, une sueur de glace ruisseler dans mon échine […] Car la tête qui se tournait avait une face humaine. […] Mais ceci était encore peu de chose. Je sentis tout à coup comme un souffle d’abomination haleiner sur ma figure […] car je venais d’apercevoir, plantées de chaque côté du large front, dominant la face terreuse, deux cornes, oui, deux cornes, l’une rompue misérablement en son milieu, et l’autre enroulée à demi dans une volute. […] »

Créature hybride et fantastique, la Bête du Vaccarès, sous ses allures de demi-dieu cornu ressemble étrangement au dieu Pan, petit homme au bassin, aux jambes et aux cornes de bouc. Elle représente les vestiges de la Camargue traditionnelle qui disparaît, emportant avec elle les anciennes croyances païennes face à la pression du christianisme
La Bête du Vaccarès telle qu’imaginée dans le récit de Silmée, fille du Rhône apparaît velue, cornue et trapue, avec des pattes de taureau.
C’est une bête qui s’apparente aux faunes et aux satyres, créatures issues des mythologies grecques et romaines, avec lesquelles elle partage cette personnalité libidineuse caractéristique.